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Signé Walter Salles, un mélo multirécompensé, qui s’arme de tendresse face à la dureté du réel.
Dans la gare centrale de Rio, Mme Dora, enseignante retraitée, tient une échoppe d’écrivain public. Son cœur desséché n’a que mépris pour les âmes simples qui viennent se confier à sa plume, et elle regarde avec indifférence les tragédies apportées par le fracas de la mégalopole. Josué, 9 ans, n’a jamais connu son père, mais sa mère espère toujours son retour et lui envoie des lettres que transcrit Dora. Quand la jeune mère est fauchée sous les yeux de son fils par un autobus, l’enfant, brutalement devenu seul au monde, se tourne vers la seule personne qu’il connaisse...
Cœur battant
Avant de saisir à bras-le-corps un mythe latino-américain planétaire, en s’emparant de la jeunesse du "Che" (Carnets de voyage, 2004), Walter Salles, dont le dernier film Je suis toujours là revient sur les heures noires de la dictature au Brésil, faisait résonner le cœur battant de son peuple avec ce premier succès international en forme de road-movie. L’effervescente et éreintante gare centrale du titre, où se croisent des millions de visages et d’histoires, constitue la métaphore du pays tout entier, dans sa diversité, sa splendeur et sa misère, sa foi vibrante aussi, et, au-delà, tend un miroir à l’humanité. Les séquences haletantes qui ouvrent le film, avant l’échappée de Josué et de Dora vers le nord, disent avec concision toute la brutalité de la grande ville contemporaine, où les pauvres et les faibles, tentés par ses mirages, sont broyés dans l’indifférence générale. Comme pour tout mélo digne du genre, c’est parce qu’il touche juste que Walter Salles arrache des larmes, amères puis reconnaissantes. Restauré en 2018 à l'occasion de ses 20 ans, Central do Brasil s’appuie aussi sur l’alchimie de ses deux interprètes, Vinícius de Oliveira, enfant des rues dont le réalisateur a d’abord croisé dans une gare de Rio l'irrésistible regard grave, et Fernanda Montenegro, qui insuffle ce qu’il faut d’humour caustique au miracle de sa renaissance morale pour la rendre crédible.
Mêlant historiographie récente, archives et animation, ce documentaire remarquable les replace au coeur des événements, en retraçant les parcours de plusieurs d’entre elles, telles Pauline Léon, Olympe de Gouges ou encore Théroigne de Méricourt.
Danton, Robespierre, Marat, Mirabeau… La Révolution a ses héros, et tous sont des hommes. Des femmes de tous horizons ont pourtant pris part aux événements, en première ligne des insurrections comme des débats politiques qui ont jalonné cette période de basculement. La très populaire marchande de la Halle Reine Audu, la dramaturge humaniste Olympe de Gouges, l’amazone belge Théroigne de Méricourt, la journaliste républicaine Louise-Félicité de Keralio, la soldate émérite Catherine Pochetat ou la chocolatière militante Pauline Léon, fondatrice d’un club féminin avec sa comparse comédienne Claire Lacombe, se sont ainsi illustrées, chacune à leur manière, pendant ces temps agités, avant d’être impitoyablement rayées de l’histoire.
Invisibilisation
Aujourd’hui, ces figures longtemps oubliées reprennent peu à peu leur place dans le grand récit national grâce au travail d’une nouvelle génération d’historiens. Nourri de leurs découvertes et de précieuses archives (iconographie, documents officiels, coupures de presse…), ce documentaire au souffle épique fait revivre leurs destins en animation, et les inscrit dans la chronologie tumultueuse des premières années de la Révolution. De l’Assemblée au champ de bataille, des marchés aux clubs et salons, cette fresque met en lumière le rôle essentiel des femmes dans ce moment fondateur, mais aussi le processus d’effacement dont elles ont été victimes. Car si la Révolution leur offre de nouveaux droits – notamment celui de divorcer –, les femmes qui occupent le terrain politique vont faire l’objet d’attaques misogynes d’une violence inouïe, avant d’être implacablement bâillonnées à partir de 1793. Quelques années plus tard, le Code Napoléon (1804) inscrira dans le marbre juridique la sujétion civique de leur sexe, étouffant les revendications féministes des pionnières pendant plus d’un siècle et demi. Racontée par Romane Bohringer, une vibrante page d’histoire au féminin, tissée d’idéaux, de faits d’armes et de tragédies.
Cent ans après sa disparition, ce documentaire fait revivre l'auteur des "Gymnopédies" à travers ses écrits autobiographiques, de savoureuses archives et les interventions d'artistes amoureux de son oeuvre inclassable.
Deux pianos à queue sans cordes empilés l'un sur l'autre, des montagnes de linge sale, des paquets de lettres non ouvertes… Le désordre indescriptible de son petit appartement d'Arcueil, dans lequel ses amis pénétrèrent pour la première fois au lendemain de sa mort, le 1er juillet 1925, dit tout de la misère tragique, dissimulée aux regards, dans laquelle Erik Satie finit sa vie, à 59 ans. Mais s'il fut mal aimé de ses contemporains en raison de son goût avant-gardiste pour l'extravagance et le minimalisme, le pianiste et compositeur, né à Honfleur en 1866, a laissé derrière lui une production jalonnée de pièces phares : Gymnopédies et Gnossiennes, œuvres de jeunesse écrites dans la foulée de son installation montmartroise ; Vexations, fruit amer de sa rupture avec Suzanne Valadon, dont le motif à exécuter 840 fois a influencé la musique répétitive ; Trois morceaux en forme de poire, réponse espiègle à son ami Debussy qui lui recommanda un jour de "plus songer à la forme" ; sans oublier le ballet surréaliste Parade, conçu avec Picasso et Cocteau, et hué à sa création, qui lui valut d'être attaqué en justice par le critique Jean Poueigh, traité de "cul, mais un cul sans musique" dans une carte postale devenue mythique.
Clown triste
"Je me suis toujours efforcé de dérouter les suiveurs par la forme et par le fond à chaque nouvelle œuvre." À l'occasion du centenaire de sa disparition, Gregory Monro fait revivre Erik Satie, génie facétieux et tourmenté qui refusa obstinément de se fondre dans les canons de l'époque. S'appuyant sur ses écrits autobiographiques, gorgés d'humour et de désespoir, et les anecdotes en archives, souvent savoureuses, de ses compagnons de route (Jean Cocteau, les compositeurs Georges Auric et Jean Wiéner…), ce film sensible déroule le fil de sa vie et de ses expérimentations en compagnie de fervents admirateurs – musicologue, critique, mais aussi artistes, parmi lesquels les pianistes Alice Sara Ott et Nicolas Horvath, la harpiste Kety Fusco ou le compositeur électro Thylacine. Lesquels se penchent sur ses partitions, constellées de dessins fantasques et d'indications énigmatiques ("Enfouissez le son"), et les interprètent avec passion. Ponctué d'interludes poétiques, un portrait à la fois érudit et enlevé, qui témoigne de l'influence profonde de Satie sur les générations suivantes, jusque dans la pop culture.