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« Ce pays étrange ne m’est pas étranger » : de la banlieue où il a vécu une partie de son enfance, Mehdi Benallal retient la rectitude des rues, dont la toponymie– en écho à la présence à Bois d’Arcy des Archives françaises du film – porte sans conviction les noms de Chaplin, Tati, Lang ou Von Stroheim. Si le cinéaste n’avait pas conscience, comme il le dit dans une voix off ciselée dans une colère froide, que Bois d’Arcy abritait l’une des plus grandes prisons de France, il l’a toujours ressenti confusément : dans cette zone filmée comme stérile, où seul le ciel ménage des ouvertures, il a fallu, fils d’Algérien, endurer un racisme ordinaire dont de menus signaux marquent, encore aujourd’hui, les murs, le mobilier urbain.
Depuis Pong (1972), inventé à l'origine sur un oscilloscope, le jeu vidéo est devenu la première industrie culturelle au monde. Et, avec la 3D, les kinects, les écrans tactiles et surtout Internet, sa puissance de feu s'est démultipliée. Les jeux en réseau – comme les incontournables Word of warcraft ou Final fantasy – ont ainsi créé de nouveaux types d'usages, devenant de véritables réseaux sociaux, ainsi que de nouveaux profils de joueurs, comme les "cosplays", jeunes gens costumés comme leurs avatars. Des phénomènes analysés par le sociologue Étienne Armand Amato et la jeune psychologue spécialiste des jeux vidéo Vanessa Lalo. Mais cette mode du jeu en ligne a aussi produit de nouveaux métiers. Ainsi, ces gold farmers chinois, jeune main-d’œuvre recrutée par les businessmen du virtuel : ils tuent des monstres à longueur de journée afin d'obtenir les pièces d’or qui contribueront à renforcer la puissance de leurs avatars, trésor vendu ensuite à d’autres joueurs sur un marché financier parallèle. Mais le jeu vidéo, ce n'est pas que du fric, de la baston et des courses de voitures ! Comme le prouve Jenova Chen, jeune designer shanghaïen vivant à Los Angeles, à l'origine de jeux poétiques, qui nous ouvre ici les portes de l'univers fascinant de la création informatique.
FMI, BCE, Triple A, Libor, CDS, G20… : criblé d’abréviations mystérieuses et de sigles compliqués, le discours économique est d’autant plus difficile à contester qu’il est malaisé à comprendre. Mais ses alphabets étranges et ses formules cryptiques dissimulent quelques-uns des grands choix politiques de notre temps. Et si on se les réappropriait ? Déchiffrage éclaire les enjeux de l’économie contemporaine pour mieux permettre au citoyen spectateur de les mettre en question, en mêlant archives décalées, séquences d’animation originales, reportages sur le vif et entretiens approfondis, assortis de datavisualisations claires et simples consultables sur un second écran. Déchiffrage interroge la notion à géométrie très variable de croissance, en esquissant au préalable un portrait remarquablement limpide de l’économie mondialisée et financiarisée. Réalisation inspirée, propos riche et dense, une salutaire réflexion en images qui propose, à l’instar de l’homme de l’art Jean Gadrey dans ce premier numéro, de "remettre les économistes sur le siège arrière".
De Montreuil à Bangalore
Entre les partisans de la croissance à tout crin et ceux qui lui préfèrent une pause, voire même la "décroissance", pas facile de s’y retrouver. Quel est le prix à payer pour une croissance mondiale posée comme seul étalon du progrès et du bien-être ? Quels sont les modèles alternatifs ? La taxe carbone doit-elle servir de modèle pour la protection de l’environnement ? À court et moyen terme, peut-on imaginer raisonnablement la prospérité sans la croissance ? Pour son premier numéro, Déchiffrage nous fait voyager de Montreuil à Berlin en passant par Bangalore, afin de mieux questionner les vertus et les méfaits de la croissance. Avec, entre autres, outre Jean Gadrey, les économistes Daniel Cohen, Joseph Stiglitz, Jean Pisani-Ferry, Gosta Esping Andersen ? spécialiste de la protection sociale ? et le physicien Dennis Meadows, directeur du projet Club de Rome en 1970.
Aires est le journal d'une errance. Feu, fumée, lumière, matières, paysages et mouvements s'assemblent dans un art sensuel du fragment comme autant de haïkus visuels. Avec ce film, François Daireaux poursuit une écriture documentaire et poétique singulière saturée d'histoires possibles qui se déploient quelque part dans notre imaginaire.
Juvenal est conducteur de métro à Belo Horizonte ; Margo assure le trafic du réseau ferroviaire. Dans la ville anonyme, ils se regardent, se parlent, devinant l’un chez l’autre l’éblouissement d’une rencontre entre deux solitudes. Un jour, Margo demande à Juvenal d’être le témoin de son mariage, conclu avec un homme inconnu, mystérieux, perdu lui aussi dans la foule silencieuse.
Une petite ville de province. Les années 70. Jean a 6 ans, il fait sa rentrée à la grande école. Quand la maîtresse demande à chaque enfant la profession de son père puis de sa mère, Jean réalise qu’il n’est pas comme les autres, s’inquiète et invente une réponse : « ma maman, elle est secrétaire ». En réalité, sa maman est tout le temps en voyage... D'après le beau livre autobiographique de Jean Regnaud et Émile Bravo, une chronique douce et tendre à hauteur de gamin. Nommé aux César 2014 (meilleur film d'animation de l'année).
En 2011, la république du Soudan du Sud est devenue la plus jeune nation du monde et le 193e membre des Nations Unies. Après une guerre de cinquante ans qui a opposé les musulmans de Khartoum, au Nord, aux rebelles animistes et chrétiens du Sud, et qui a fait 2 millions de morts et 4 millions de déplacés, les attentes sont immenses. Le pays a déjà son drapeau et une capitale mais, le jour de l'indépendance, tout reste encore à faire : le tracé des frontières, l’établissement d’une armée, d’une justice... Comment construit-on un État là où il n’y a rien ? Après le Kosovo et le Timor-Oriental, les professionnels onusiens accompagnent la naissance du Soudan du Sud grâce à des feuilles de route chiffrées en milliards de dollars. Les réalisatrices ont suivi pendant un an la représentante de l’ONU, Lise Grande, et Riek Machar, un ancien chef de guerre devenu vice-président du pays, alors qu’ils tentent de mettre la théorie en pratique pour façonner cette jeune démocratie.
Le poids de la réalité
"Au début on n'y croit pas. Ensuite, il faut s'adapter et c'est compliqué !", constate calmement Riek Machar, ancien chef de guerre devenu vice-président de la République du Soudan du Sud, tout nouvel État indépendant créé le 9 juillet 2011. La séparation à peine achevée avec les habitants du Nord, il lui faut apprendre à construire et gérer un pays (presque) en paix. Certes, la population est en joie, et Riek Machar se prend à rêver d’un aéroport international, d’un musée national protégé par digicode et d’une grande capitale moderne – matérialisée par la maquette démesurée qui trône dans son bureau ! Mais l'urgence est de jeter les bases d'un État démocratique dans un pays ravagé par un demi-siècle de conflit sanglant. Lise Grande, experte-conseil aguerrie en "fabrication d'État" de l'ONU, est là pour ramener le gouvernement sur terre... Avec son sourire et son air décontracté, elle tente avec ses équipes d'adapter les dogmes de la démocratie occidentale à une nation qui ignore tout des droits de l'homme, de la justice et de l'impôt, et dont les soldats ne désarment pas. Mais son "plan Marshall" est bientôt mis à mal par le poids de la réalité, surtout quand l'exploitation du pétrole ravive les tensions entre les deux Soudan…