Nourri de témoignages des plus grands musiciens (Keith Richard, Quincy Jones, Herbie Hancock...), tous devenus ses amis, un portrait documentaire en hommage à Claude Nobs, fondateur du Montreux Jazz Festival.
Au mitan des années 1960, Montreux est une station touristique déclinante sur les rives suisses du lac Léman, notamment fréquentée par une bourgeoisie anglaise retraitée. C'est compter sans Claude Nobs, jeune passionné de musique qui travaille alors comme comptable pour l'office du tourisme de la ville. Avec 10 000 francs (suisses) accordés par son patron, il fonde le Montreux Jazz Festival, qui deviendra en quelques années La Mecque des amateurs de jazz, de blues et de rock. Dès 1967, la belle endormie se réveille avec Aretha Franklin, Herbie Hancock, Ella Fitzgerald, puis, avènement du rock'n'roll oblige, Deep Purple, Santana, David Bowie ou les Rolling Stones… Les collaborations s'enchaînent dans une ambiance chaleureuse favorisée par la grande proximité de Claude Nobs avec ces artistes qu'il révère. Deep Purple y puise même l'inspiration de son titre le plus célèbre, "Smoke on the Water", après l'incendie du Casino de Montreux en 1971. "Funky Claude was running in and out, pulling kids out the ground", dit la chanson ("Le funky Claude faisait des allers-retours en courant pour évacuer des jeunes"). David Bowie et le groupe Queen y enregistrent "Under Pressure" après que Nobs leur a proposé d'utiliser son studio, lors d'un barbecue… Le festival devient alors incontournable.
Ombre bienveillante
Keith Richard, Quincy Jones, Herbie Hancock… La liste prestigieuse de celles et ceux qui ont tenu à rendre hommage à Claude Nobs et à son festival impressionne quasiment autant que les archives extraordinaires conservées par sa fondation et utilisées pour le documentaire d'Oliver Murray : des concerts d'Ella Fitzgerald, Roberta Flack, Marvin Gaye, Muddy Waters, Ray Charles…, mais aussi des moments de vie ou de coulisses et certaines des archives personnelles de “Funky Claude”. Patiemment compilé au fil des éditions de la "Rolls-Royce des festivals" par cet amoureux de la musique et des musiciens, dont l'ombre bienveillante continue de planer, douze ans après sa mort, sur les rives du Léman, un riche aperçu de ce qui constitue "le plus grand témoignage de l'histoire de la musique", selon Quincy Jones, décédé trois ans après ce film.