Entre amour inconditionnel et savoureuse dérision, un pastiche jubilatoire du cinéma d’exploitation des seventies par le maestro Quentin Tarantino.
Mike, un cascadeur balafré, cueille des jeunes femmes à la sortie des bars pour les tuer d’une étrange manière : avec une Chevrolet indestructible, qui protège du danger uniquement son conducteur. À Austin, après avoir explosé la tête d’une de ses victimes sur le tableau de bord, Mike prend en chasse trois copines, Arlene, Shanna et la DJ "Jungle" Julia, star d’une radio locale, avant de provoquer une collision mortelle avec leur véhicule. Quatorze mois plus tard, le psychopathe, désormais dans le Tennessee et au volant d’une Dodge, se lance à la poursuite de Lee, Abernathy, Kim et Zoë, qui toutes travaillent dans le cinéma, dont l’une comme cascadeuse. Mais les filles résistent au choc et traquent à leur tour leur agresseur…
Girl power
Pour son sixième long métrage, passablement boudé par les spectateurs, entre les succès de Kill Bill et d’Inglourious Basterds, Quentin Tarantino pousse à son paroxysme l’hommage au cinéma bis qui traverse sa flamboyante filmographie. Pellicule granuleuse et jaunie, zooms et coupes abruptes, bande-son entaillée… : s’il parsème son récit de marqueurs de modernité (dont un téléphone portable et sa sonnerie empruntée à la BO de… Kill Bill), le réalisateur fait revivre avec un soin maniaque l’esprit libertaire et l’esthétique sauvage des productions seventies qu’il affectionne tant, du slasher (qui met en scène des tueurs en série à l’arme ou au faciès atypiques) au film de course-poursuite (à commencer par Point limite zéro de Richard C. Sarafian, référence du genre plusieurs fois citée). Mais si ce pastiche fétichiste subjugue autant, c’est aussi parce que le cinéaste y appose sa touche personnelle, laissant libre cours à son humour décalé, à son formalisme renversant et à son goût immodéré pour la musique et les dialogues. Face au redoutable meurtrier (le génial Kurt Russell), Tarantino fait défiler une bande de supernanas libérées – dans les actes comme dans leur torrent de paroles – qui s’offriront une vengeance délectable en forme d’apothéose sanglante.