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Cette chronique familiale dans une communauté rurale du Nicaragua s’ouvre sur un plan surprenant – un paysage à la beauté si paisible que seule une énorme tête de statue émergeant des eaux suggère la gravité de l’inondation qui l’a dévasté. Dans le quotidien de don Sebastian, de son épouse et de leur cadet (le seul de leurs dix enfants à n’avoir pas quitté le pays), les allées et venues des volailles, le cochon à tuer ou les matchs de football télévisés tissent une temporalité cyclique, hors de l’Histoire. La énième victoire électorale des Sandinistes entendue aux nouvelles semble participer de ce retour du même qui confine à l’absurde. Pourtant, comme l’inondation qui ouvre le film, ce fragment de vie politique dont la radio se fait le faible écho, constitue l’un des rares liens avec l’extérieur.
« Ce pays étrange ne m’est pas étranger » : de la banlieue où il a vécu une partie de son enfance, Mehdi Benallal retient la rectitude des rues, dont la toponymie– en écho à la présence à Bois d’Arcy des Archives françaises du film – porte sans conviction les noms de Chaplin, Tati, Lang ou Von Stroheim. Si le cinéaste n’avait pas conscience, comme il le dit dans une voix off ciselée dans une colère froide, que Bois d’Arcy abritait l’une des plus grandes prisons de France, il l’a toujours ressenti confusément : dans cette zone filmée comme stérile, où seul le ciel ménage des ouvertures, il a fallu, fils d’Algérien, endurer un racisme ordinaire dont de menus signaux marquent, encore aujourd’hui, les murs, le mobilier urbain.
Depuis Pong (1972), inventé à l'origine sur un oscilloscope, le jeu vidéo est devenu la première industrie culturelle au monde. Et, avec la 3D, les kinects, les écrans tactiles et surtout Internet, sa puissance de feu s'est démultipliée. Les jeux en réseau – comme les incontournables Word of warcraft ou Final fantasy – ont ainsi créé de nouveaux types d'usages, devenant de véritables réseaux sociaux, ainsi que de nouveaux profils de joueurs, comme les "cosplays", jeunes gens costumés comme leurs avatars. Des phénomènes analysés par le sociologue Étienne Armand Amato et la jeune psychologue spécialiste des jeux vidéo Vanessa Lalo. Mais cette mode du jeu en ligne a aussi produit de nouveaux métiers. Ainsi, ces gold farmers chinois, jeune main-d’œuvre recrutée par les businessmen du virtuel : ils tuent des monstres à longueur de journée afin d'obtenir les pièces d’or qui contribueront à renforcer la puissance de leurs avatars, trésor vendu ensuite à d’autres joueurs sur un marché financier parallèle. Mais le jeu vidéo, ce n'est pas que du fric, de la baston et des courses de voitures ! Comme le prouve Jenova Chen, jeune designer shanghaïen vivant à Los Angeles, à l'origine de jeux poétiques, qui nous ouvre ici les portes de l'univers fascinant de la création informatique.
FMI, BCE, Triple A, Libor, CDS, G20… : criblé d’abréviations mystérieuses et de sigles compliqués, le discours économique est d’autant plus difficile à contester qu’il est malaisé à comprendre. Mais ses alphabets étranges et ses formules cryptiques dissimulent quelques-uns des grands choix politiques de notre temps. Et si on se les réappropriait ? Déchiffrage éclaire les enjeux de l’économie contemporaine pour mieux permettre au citoyen spectateur de les mettre en question, en mêlant archives décalées, séquences d’animation originales, reportages sur le vif et entretiens approfondis, assortis de datavisualisations claires et simples consultables sur un second écran. Déchiffrage interroge la notion à géométrie très variable de croissance, en esquissant au préalable un portrait remarquablement limpide de l’économie mondialisée et financiarisée. Réalisation inspirée, propos riche et dense, une salutaire réflexion en images qui propose, à l’instar de l’homme de l’art Jean Gadrey dans ce premier numéro, de "remettre les économistes sur le siège arrière".
De Montreuil à Bangalore
Entre les partisans de la croissance à tout crin et ceux qui lui préfèrent une pause, voire même la "décroissance", pas facile de s’y retrouver. Quel est le prix à payer pour une croissance mondiale posée comme seul étalon du progrès et du bien-être ? Quels sont les modèles alternatifs ? La taxe carbone doit-elle servir de modèle pour la protection de l’environnement ? À court et moyen terme, peut-on imaginer raisonnablement la prospérité sans la croissance ? Pour son premier numéro, Déchiffrage nous fait voyager de Montreuil à Berlin en passant par Bangalore, afin de mieux questionner les vertus et les méfaits de la croissance. Avec, entre autres, outre Jean Gadrey, les économistes Daniel Cohen, Joseph Stiglitz, Jean Pisani-Ferry, Gosta Esping Andersen ? spécialiste de la protection sociale ? et le physicien Dennis Meadows, directeur du projet Club de Rome en 1970.
Merci d'avoir dit à notre gouvernement de minables que nous existons, que nos voix comptent..." : ces propos, tenus par Alexeï Navalny, le plus connu des blogueurs russes, retranscrivent la colère et la détermination des dizaines de milliers de manifestants qui se sont pressés dans les rues de Moscou pour demander des élections libres et l'annulation des résultats des législatives du 4 décembre dernier, remportées par le parti au pouvoir. Ce grand mouvement de contestation, inimaginable il y a encore quelques mois, sonnera-t-il le glas de l'ère Poutine ?
Corruption massive
Après la Tunisie, ce deuxième numéro de la collection "I love democracy" nous entraîne dans un road movie à travers la Russie, de Vladivostok à Moscou en passant par Khabarovsk, Irkoutsk et Novossibirsk. Un voyage de plus de 9 000 kilomètres ponctué de rencontres avec des représentants de la société civile qui refusent les diktats du pouvoir et s'insurgent contre la corruption massive. De jeunes entrepreneurs qui n'en peuvent plus d'être "étranglés" par Moscou, des mères en grève de la faim pour obtenir des écoles pour leurs enfants, ou des survivants du goulag fous de rage devant les affiches du Parti communiste (seconde force politique du pays) représentant Staline... : qu'ils soient militants ou simples citoyens, ils forment désormais les bataillons de manifestants qui réclament plus de démocratie. La plupart d'entre eux appartiennent à la classe moyenne, en plein essor. Mais les fers de lance de la contestation, ce sont les jeunes de moins de 30 ans, qui n'ont pas connu l'URSS et qui rêvent d'une "démocratie 2.0", moderne et ouverte sur le monde.
À Moscou, où se poursuit le voyage, des leaders de l'opposition, dont Edouard Limonov, candidat à la présidentielle, des proches du pouvoir comme Andrei Vorobiev (chef des députés Russie unie à la Douma), ou des intellectuels comme Pavel Lounguine s'expriment dans des interviews exclusives. Quel sera l'avenir de ce réveil protestataire ? Le scrutin présidentiel a-t-il une chance de se dérouler dans la légalité, sans bourrages des urnes ni fraudes en tout genre ? Vladimir Poutine se maintiendra-t-il au pouvoir en ouvrant le dialogue avec l'opposition ?