Notre Ponce de León a découvert la fontaine de jouvence et a bu l'immortalité dans les derniers moments de sa vie. En un instant, il est devenu vieux pour toujours – un Espagnol de 80 ans qui allait continuer à arpenter la terre siècle après siècle, regardant les fondations coralliennes céder la place aux mangroves, les marais s'assécher et les bâtiments s'élever, les bâtiments se délabrer et les marais renaître. Notre Ponce de León est un immortel pour qui le temps représente le plus grand dilemme – c'est une constante, une évidence, et son combat personnel consiste à tenter soit d'arrêter complètement le temps, soit de faire avancer les aiguilles de son horloge toujours plus vite. Pour Ponce de Léon, le temps est un problème corporel, et ce n'est qu'en s'échappant de son contenant qu'il peut échapper au temps lui-même.

Au Surinam, dans un petit village au cœur de la jungle, filles et garçons jouent les yeux bandés au chat et à la souris ; ou plutôt au monstre qui attrape les enfants pour les manger... Selon la légende locale, ce monstre serait le seul Blanc à vivre là, un Néerlandais qui répare les moteurs des canots. Alternant noir et blanc et couleur, Ben Russell mène l’enquête, à la rencontre des villageois, des enfants et du fameux Européen. Avec sensualité, sa caméra arpente ce petit monde où les apparitions ne sont jamais loin. Un terrifiant masque d’homme blanc en caoutchouc, des courses endiablées et des comptines à faire peur : autant de participants et d’éléments grâce auxquels le film se construit sous nos yeux, à la façon des mythes.