Notre Ponce de León a découvert la fontaine de jouvence et a bu l'immortalité dans les derniers moments de sa vie. En un instant, il est devenu vieux pour toujours – un Espagnol de 80 ans qui allait continuer à arpenter la terre siècle après siècle, regardant les fondations coralliennes céder la place aux mangroves, les marais s'assécher et les bâtiments s'élever, les bâtiments se délabrer et les marais renaître. Notre Ponce de León est un immortel pour qui le temps représente le plus grand dilemme – c'est une constante, une évidence, et son combat personnel consiste à tenter soit d'arrêter complètement le temps, soit de faire avancer les aiguilles de son horloge toujours plus vite. Pour Ponce de Léon, le temps est un problème corporel, et ce n'est qu'en s'échappant de son contenant qu'il peut échapper au temps lui-même.

Un portrait en séparation chromatique du quartier d'Exarchia d’Athènes en Grèce, réalisé pendant les manifestations contre l’austérité qui se sont déroulées fin 2011. Dans un endroit plein de chats sauvages et de scooters, de flics et de cocktails Molotov, de mythes anciens et de nouvelles ruines ; là où sont levés autant de poings que de colonnes du Parthénon, ceci est un film de surfaces – de rues en marbres couverts de graffiti et de murs de la ville recouverts d'affiches – développé à la main en rouge, vert et bleu.

Ce documentaire, dont le titre signifie "Un sort pour éloigner les ténèbres", suit un personnage, le musicien Robert A. A. Lowe, à trois moments distincts de sa vie : quand il est ermite dans la solitude de la Finlande septentrionale, membre d'une communauté sur une petite île d'Estonie et chanteur d'un groupe de black-métal néopaïen en Norvège. Le film, coréalisé par les artistes Ben Rivers et Ben Russell, peut se lire comme une proposition radicale : créer une utopie au présent. Il se situe à la frontière de la fiction et de la non-fiction. À la fois témoignage, expérience en soi et enquête dans la transcendance, il envisage le cinéma comme un lieu de transformation.