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Après une décennie de croissance fulgurante, le bio traverse une crise sans précédent, liée à une massification semblable à celle de l’agriculture intensive. Enquête sur un modèle à bout de souffle.
Longtemps, l’agriculture biologique a surfé sur son excellente image – celle d’exploitations familiales, respectueuses de l’environnement et du bien-être animal, garantes d’une alimentation plus saine – pour séduire des consommateurs rebutés par les excès de l’agro-industrie. Mais après une décennie de croissance fulgurante, qui a vu doubler la consommation mondiale de produits estampillés bio, les ventes s’effondrent. Si l’inflation a poussé les budgets modestes à renoncer à ces denrées vendues jusqu’à 30 % plus cher, la conjoncture économique n’est pas seule responsable : on assiste désormais à une crise de confiance entre consommateurs et producteurs. Pour accompagner sa croissance, le secteur s’est massivement industrialisé, parfois sous la pression des lobbys de l'agrobusiness. Les hypermarchés ont, quant à eux, pris la place des enseignes spécialisées comme principaux distributeurs de produits siglés "AB", achevant de brouiller les cartes quant aux valeurs réellement défendues par les représentants du secteur…
Déconversions
Après Hypermarchés, la chute de l'empire (2022), le journaliste d’investigation Rémi Delescluse s’attaque cette fois à un autre modèle jadis florissant, dont la massification signe le début de la chute. Des serres espagnoles jusqu’aux rayonnages des supermarchés, il débusque dans cette enquête rigoureuse les aberrations, les dérives et les scandales – mais aussi les angles morts de la réglementation européenne, notamment concernant l’usage des "biopesticides" – qui ont contribué à accélérer le désamour des consommateurs. Les petits exploitants, qui avaient jadis embrassé avec enthousiasme une pratique proche de leurs convictions, en sont les premières victimes. Car, écrasés par la concurrence des grandes exploitations bio, aux processus industrialisés directement inspirés de l’élevage conventionnel, ils prennent aujourd’hui massivement le chemin de la "déconversion". D’autres se lancent dans la création de nouveaux labels plus exigeants, qui privilégient le local, le respect de la saisonnalité et offrent des garanties plus strictes en matière de bien-être animal, de revenus des exploitants ou d’usage des pesticides – en bref, fidèles à la philosophie originelle qui a fait l’immense popularité de ce modèle, indissociable de l'avenir de notre planète.
Agressée sexuellement par son beau-père, Nismet, 16 ans, fugue et fonce droit devant elle. Philippe Faucon restitue avec justesse l'histoire véridique d'une émancipation, portée par un farouche instinct de survie.
Pas à pas
C'est la véritable Nismet, Hrehorchuk de son nom d'épouse, qui a demandé à Philippe Faucon de porter son histoire à l'écran, pour rendre justice à sa mère, broyée par un système judiciaire sourd à sa détresse, après avoir subi la violence d'un mari puis d'un compagnon. Mais l'inspiratrice de cette minisérie, qui a collaboré à l’écriture et joue le rôle de Brigitte, la directrice du foyer, voulait aussi donner aux enfants "de la Ddass" et aux jeunes filles violentées, comme elle le fut dès l'enfance, des raisons de croire en soi-même et en autrui. Face à la jeune Emma Boulanouar, dont le jeu tout en retenue porte ce récit d'apprentissage à la fois âpre et lumineux, Loubna Abidar incarne, elle, le personnage de la mère. Pour restituer sans spectaculaire la brutalité des faits, Philippe Faucon (Fiertés, Fatima) a choisi une forme d'épure. Il retrace pas à pas le chemin accompli par son héroïne, portée par un instinct de survie hors du commun, pour tenir le désespoir en respect et garder le contrôle de son existence. Contée avec la justesse et le souci d'authenticité qui caractérisent le réalisateur, cette histoire d'une émancipation, aux sens propre et figuré, a été couronnée au Festival de la fiction de La Rochelle.
Meilleure série de 52 minutes au Festival de la Rochelle 2024.
Depuis plus de cinq ans, Basel Adra, un activiste palestinien originaire de Masafer Yatta, une région montagneuse de Cisjordanie, filme l'expulsion des membres de sa communauté par l'occupant israélien, qui détruit méthodiquement les villages et en chasse ses habitants. Après avoir obtenu gain de cause à la suite d'un long combat mené devant la Haute Cour de justice, l'armée israélienne démolit les habitations et nettoie un terrain qu'elle souhaite utiliser pour des exercices d'entraînement de chars. Basel rencontre Yuval, un journaliste israélien qui le soutient dans ses démarches. Une amitié inattendue voit le jour...
Ce film réalisé par un collectif palestino-israélien de quatre jeunes militants a été réalisé comme un acte de résistance créative sur la voie d'une plus grande justice.
Oscar du Meilleur film documentaire 2025.
L’augmentation spectaculaire du nombre de cas d’allergies et d’asthme mobilise de nombreux scientifiques en Europe. Après La fabrique des pandémies, Marie-Monique Robin relaie leurs travaux sur le rôle bienfaiteur des microbes pour le système immunitaire, notamment des plus jeunes.
Depuis les années 1960, la prévalence des maladies dites "atopiques", comme les allergies (au pollen, à certains aliments), l'asthme ou encore l'eczéma, a doublé tous les dix ans dans les pays industrialisés. Il y a cinquante ans, 5 % de leur population en souffrait contre 35 % aujourd'hui. Pourquoi ? La réalisatrice Marie-Monique Robin a interrogé une vingtaine de chercheurs de premier plan – allergologues, pédiatres, immunologues, biologistes, écologues… – en Europe, en Afrique et en Asie. Pionnier dans la recherche sur les causes de l’augmentation spectaculaires des maladies inflammatoires, Tari Haahtela a conduit sur vingt ans une étude comparative dans la province finlandaise de Carélie du Nord, où le mode de vie s’est occidentalisé après la Seconde guerre mondiale, et dans le territoire voisin ex-soviétique de la République de Carélie, où l’agriculture familiale de subsistance a longtemps dominé. En Russie, l’asthme et les allergies sont pratiquement inexistants, alors que de l’autre côté de la frontière, ces maladies n’ont cessé de progresser. Ce chercheur a développé ainsi ce qu’il nomme "l’hypothèse de la biodiversité", selon laquelle "le contact avec les microbes de l’environnement – bactéries, virus et parasites – enrichit le microbiote intestinal et renforce le système immunitaire, en protégeant des maladies inflammatoires comme les allergies, l’obésité ou la maladie de Crohn".
"L’effet de la ferme"
La pédiatre allemande Erika von Mutius, elle, a mené simultanément un programme de recherche dans les zones d’élevage traditionnel de cinq régions européennes, dont la Bavière et la Franche-Comté. Baptisée "Pâture", cette étude exceptionnelle, qui a suivi 200 enfants de leur naissance à leur majorité dans chacun de ces territoires, montre que l’exposition précoce aux microbes de l’étable et la consommation de produits au lait cru constituent de puissants facteurs de protection. Cet "effet de la ferme", comme l’appelle Erika von Mutius, a également été observé dans les communautés Amish des États-Unis. De son côté, la parasitologue hollandaise Maria Yazdanbakhsh a constaté que l’infection des jeunes enfants par les vers intestinaux renforce leur système immunitaire, comme l’ont observé le virologue Gaël Maganga au Gabon et l’écologue Serge Morand en Thaïlande. "La biodiversité – animale, végétale et microbienne – constitue le pilier de la santé planétaire", résume l’Autrichien Michael Wagner, qui dirige un pôle de recherche sur les interactions entre les microbiomes (ou ensemble des microbiotes) environnemental et humain. À l’instar de ses collègues, il invite les politiques à repenser notamment l’aménagement des espaces urbains en améliorant le contact des enfants avec la nature : alors que le traitement de l’asthme et de l’allergie au pollen coûte quelque 150 milliards d’euros par an aux pays de l’UE, cette même somme permettrait d’y végétaliser chaque année 750 000 cours de récréation.