Agressée sexuellement par son beau-père, Nismet, 16 ans, fugue et fonce droit devant elle. Philippe Faucon restitue avec justesse l'histoire véridique d'une émancipation, portée par un farouche instinct de survie.
Pas à pas
C'est la véritable Nismet, Hrehorchuk de son nom d'épouse, qui a demandé à Philippe Faucon de porter son histoire à l'écran, pour rendre justice à sa mère, broyée par un système judiciaire sourd à sa détresse, après avoir subi la violence d'un mari puis d'un compagnon. Mais l'inspiratrice de cette minisérie, qui a collaboré à l’écriture et joue le rôle de Brigitte, la directrice du foyer, voulait aussi donner aux enfants "de la Ddass" et aux jeunes filles violentées, comme elle le fut dès l'enfance, des raisons de croire en soi-même et en autrui. Face à la jeune Emma Boulanouar, dont le jeu tout en retenue porte ce récit d'apprentissage à la fois âpre et lumineux, Loubna Abidar incarne, elle, le personnage de la mère. Pour restituer sans spectaculaire la brutalité des faits, Philippe Faucon (Fiertés, Fatima) a choisi une forme d'épure. Il retrace pas à pas le chemin accompli par son héroïne, portée par un instinct de survie hors du commun, pour tenir le désespoir en respect et garder le contrôle de son existence. Contée avec la justesse et le souci d'authenticité qui caractérisent le réalisateur, cette histoire d'une émancipation, aux sens propre et figuré, a été couronnée au Festival de la fiction de La Rochelle.
Meilleure série de 52 minutes au Festival de la Rochelle 2024.