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Plongée dans l’univers extravagant des cabarets queers : sur des tubes disco, un road-movie joyeusement kitsch pour un hymne à la tolérance devenu culte.
À Sydney, Felicia, Mitzi et Bernadette, deux travestis et une femme transgenre, décrochent un contrat pour se produire dans un cabaret d’Alice Springs, au cœur de l’outback. À bord d’un bus prénommé "Priscilla", le trio s’aventure dans le désert australien, pour un voyage épique…
Folle échappée
Le périple de Felicia, Mitzi et Bernadette, dont il serait dommage de révéler toutes les péripéties, s’apparente à une authentique traversée du désert. "Priscilla" tombe en panne au milieu de nulle part, et ses passagers se retrouvent piégés dans un univers hostile : paysage aride, chaleur étouffante, population locale très peu accueillante. Loin de se laisser abattre, le trio tente d’adoucir les mœurs en déversant des flots de gaieté et de dérision dans ce monde inhospitalier. Spectacle haut en couleur, sur les rythmes disco de Gloria Gaynor, d’Abba ou des Village People, le film envoie valser les préjugés au fil de scènes extravagantes. Les costumes des trois starlettes, éblouissants de strass et de paillettes, détonnent dans le dépouillement d’un décor minéral à couper le souffle. Mais s’il déclenche l’hilarité, ce road-movie s’attache aussi à peindre l’Australie, pays-continent de tous les extrêmes, dans lequel les métropoles comme Sydney, cosmopolites et tolérantes, contrastent avec un bush peuplé par des fermiers. Trente ans après la sortie de cet hymne à la tolérance délicieusement excentrique, une suite devrait voir le jour prochainement, toujours réalisée par Stephan Elliott.
C’est un bon fils et un homme exécrable, un génie et un monstre. En cette première moitié du XIXe siècle, J. M. W. Turner, géant de la peinture, ne vit que pour son art, rustre sans âge qui dessine compulsivement dans des carnets, négligeant ses proches, sa dévouée et aimante servante comme son ancienne maîtresse, mère ulcérée de ses filles. Seule la profonde complicité avec son assistant de père, dont le vieux cœur se gonfle d’orgueil devant le talent fou de son rejeton, laisse entrevoir l’humanité de l’infréquentable artiste. Lequel, solitaire, nourrit son obsession de la lumière par de longues déambulations-contemplations, scrutant infiniment l’horizon maritime, voire tentant d’éprouver la tempête, en se faisant ligoter à un mât.
Art brut
Dans une Angleterre humide nimbée de brumes, entre un Londres inhospitalier et un puissant bord de mer, Mike Leigh restitue les vingt-cinq dernières années du peintre en croquant son quotidien par petites touches impressionnistes. Sans le ménager - il ne cache rien ni de ses grognements, son langage de prédilection, ni de ses tendances lubriques -, le cinéaste s’attache d’abord, à travers son ogre de héros, à sonder le mystère de la création, quête infinie dépassant tout à la fois Turner et le cinéaste lui-même, qui s’en empare pour mieux s’en étonner. Il s’imprègne des ciels crépusculaires, traque l’inspiration et ses voies impénétrables, entre les errances de l’artiste inadapté et ses fulgurances raffinées, qui bousculent la Royal Academy de l’époque romantique, à la veille de l’émergence de la photographie. À ce titre, Mr. Turner, qu’incarne sans concession un Timothy Spall habité (prix d’interprétation à Cannes) pour le rendre plus sensible qu’attachant, diffère du biopic classique – une manière d’hommage à la transcendance.