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En 1970, une vaste mission photographique s'emploie à dresser un état des lieux de la situation environnementale aux États-Unis. Quatre-vingt mille clichés, arrachés à l'oubli, présentent le même visage d'un paysage ravagé et d'une population insouciante face au drame qui se joue. Un formidable récit documentaire doublé d'une véritable claque visuelle et mémorielle.
Une maison modeste et un carré de jardin, à l'ombre des gigantesques tours d'une centrale nucléaire ; trois enfants qui se baignent derrière une inscription "danger", sur fond de paysage industriel enfumé ; les décharges à ciel ouvert des quartiers pauvres des grandes villes ; ou la languette d'une canette émergeant d'une dune immaculée. En 1970, le projet "Documerica" voit cent photographes livrer plus de 80 000 clichés sur la situation environnementale des États-Unis à l'administration Nixon, après deux catastrophes environnementales marquantes : une rivière pleine de produits pétroliers ayant pris feu dans l’Ohio et une marée noire sur les plages de Santa Barbara, en Californie. Le président Nixon n'a aucun goût pour l'écologie mais il a du flair politique : en plein pic de la "contre-culture", le sujet sera capital dans sa campagne de réélection. Mais après que son armada de photographes s'est déployée dans le pays, le projet est enterré et tombe finalement dans l'oubli.
Capsule temporelle
"On avait la technologie pour envoyer un homme sur la Lune, mais on était infoutus de garder nos rivières propres !", s'insurge aujourd’hui Boyd Norton, l’un des photographes du projet "Documerica" interrogés dans le documentaire de Pierre-François Didek. Ce portrait géant des États-Unis des années 1970, tombé dans les oubliettes de l'histoire et finalement exhumé par le réalisateur, n'est pas sans rappeler le projet de la Farm Security Administration (Agence pour la sécurité agricole), qui documenta par le même procédé la manière dont vivaient les populations mises à terre par la Grande Dépression. Une troublante capsule temporelle, d'une grande émotion pour le spectateur d’aujourd’hui, qui ravive le souvenir d'une population captée sur le vif, dans ses habits du quotidien. Malgré la grande diversité des clichés, "Documerica" dévoile le visage d'une même société, indifférente au paysage ravagé qui est devenu la norme. Habilement, les images les plus frappantes du gigantisme de la pollution sont mises en parallèle avec la propagande consumériste des années Nixon, où pullulent les publicités pour l'American way of life d'une classe moyenne ayant explosé au sortir de la Seconde Guerre mondiale. On ne peut s'empêcher de se demander quel tour aurait pris le combat écologique si "Documerica" en avait été la pierre fondatrice, avec trente à quarante ans d'une précieuse avance sur la prise de conscience mondiale...
Après une décennie de croissance fulgurante, le bio traverse une crise sans précédent, liée à une massification semblable à celle de l’agriculture intensive. Enquête sur un modèle à bout de souffle.
Longtemps, l’agriculture biologique a surfé sur son excellente image – celle d’exploitations familiales, respectueuses de l’environnement et du bien-être animal, garantes d’une alimentation plus saine – pour séduire des consommateurs rebutés par les excès de l’agro-industrie. Mais après une décennie de croissance fulgurante, qui a vu doubler la consommation mondiale de produits estampillés bio, les ventes s’effondrent. Si l’inflation a poussé les budgets modestes à renoncer à ces denrées vendues jusqu’à 30 % plus cher, la conjoncture économique n’est pas seule responsable : on assiste désormais à une crise de confiance entre consommateurs et producteurs. Pour accompagner sa croissance, le secteur s’est massivement industrialisé, parfois sous la pression des lobbys de l'agrobusiness. Les hypermarchés ont, quant à eux, pris la place des enseignes spécialisées comme principaux distributeurs de produits siglés "AB", achevant de brouiller les cartes quant aux valeurs réellement défendues par les représentants du secteur…
Déconversions
Après Hypermarchés, la chute de l'empire (2022), le journaliste d’investigation Rémi Delescluse s’attaque cette fois à un autre modèle jadis florissant, dont la massification signe le début de la chute. Des serres espagnoles jusqu’aux rayonnages des supermarchés, il débusque dans cette enquête rigoureuse les aberrations, les dérives et les scandales – mais aussi les angles morts de la réglementation européenne, notamment concernant l’usage des "biopesticides" – qui ont contribué à accélérer le désamour des consommateurs. Les petits exploitants, qui avaient jadis embrassé avec enthousiasme une pratique proche de leurs convictions, en sont les premières victimes. Car, écrasés par la concurrence des grandes exploitations bio, aux processus industrialisés directement inspirés de l’élevage conventionnel, ils prennent aujourd’hui massivement le chemin de la "déconversion". D’autres se lancent dans la création de nouveaux labels plus exigeants, qui privilégient le local, le respect de la saisonnalité et offrent des garanties plus strictes en matière de bien-être animal, de revenus des exploitants ou d’usage des pesticides – en bref, fidèles à la philosophie originelle qui a fait l’immense popularité de ce modèle, indissociable de l'avenir de notre planète.
Agressée sexuellement par son beau-père, Nismet, 16 ans, fugue et fonce droit devant elle. Philippe Faucon restitue avec justesse l'histoire véridique d'une émancipation, portée par un farouche instinct de survie.
Pas à pas
C'est la véritable Nismet, Hrehorchuk de son nom d'épouse, qui a demandé à Philippe Faucon de porter son histoire à l'écran, pour rendre justice à sa mère, broyée par un système judiciaire sourd à sa détresse, après avoir subi la violence d'un mari puis d'un compagnon. Mais l'inspiratrice de cette minisérie, qui a collaboré à l’écriture et joue le rôle de Brigitte, la directrice du foyer, voulait aussi donner aux enfants "de la Ddass" et aux jeunes filles violentées, comme elle le fut dès l'enfance, des raisons de croire en soi-même et en autrui. Face à la jeune Emma Boulanouar, dont le jeu tout en retenue porte ce récit d'apprentissage à la fois âpre et lumineux, Loubna Abidar incarne, elle, le personnage de la mère. Pour restituer sans spectaculaire la brutalité des faits, Philippe Faucon (Fiertés, Fatima) a choisi une forme d'épure. Il retrace pas à pas le chemin accompli par son héroïne, portée par un instinct de survie hors du commun, pour tenir le désespoir en respect et garder le contrôle de son existence. Contée avec la justesse et le souci d'authenticité qui caractérisent le réalisateur, cette histoire d'une émancipation, aux sens propre et figuré, a été couronnée au Festival de la fiction de La Rochelle.
Meilleure série de 52 minutes au Festival de la Rochelle 2024.